Les Méandres du Nil (2019)
La petite ville de Landerneau n’échappe pas à la vague d’égyptomanie que connaît la France au début des années 1830. Justin Le Guillou, fils de notaire, se fait passer pour ingénieur afin d’être engagé dans l’expédition chargée de transporter à Paris l’obélisque de Louqsor offert à la France par Méhémet-Ali. Traverser les mers, remonter le Nil, s’emparer de l’énorme colonne, vivre au plus près du peuple égyptien, va combler son goût du risque. Mais avant de quitter Paris, il a rencontré une jeune brodeuse dont il est tombé amoureux. En révolte contre son sort d’ouvrière, Clarisse adhère au groupe des saint-simoniens, prophètes d’un monde nouveau, qui partent en Égypte à la recherche de la « Femme-Messie », avec le projet audacieux de percer l’isthme de Suez. Dans cette aventure fantasque, au milieu des fracas de l’Histoire, elle découvrira à son tour les méandres du Nil…
L’hôtel Mahrajane est l’un des joyaux de Nari, un petit port arabe de la Méditerranée. Dans cette ville cosmopolite, séparée de la capitale par un désert, chacun ? musulman, chrétien ou juif ? trouve sa place. On n’y vit pas vraiment ensemble, mais en voisins. Les amours entre personnes de communautés différentes ne vont pas jusqu’au mariage, sauf à provoquer des drames.
Depuis la mort du fondateur, c’est son gendre, Haïm Lévy-Hannour, qui dirige l’hôtel, aux côtés de sa séduisante épouse, Nissa. Le Mahrajane fait office de club pour la bonne société locale. La famille du narrateur en est exclue, mais l’oncle Louca y a ses entrées, par la porte de service. Au cours des déjeuners dominicaux, ce personnage fantasque, adoré des enfants, en révèle une partie des secrets.
Le narrateur découvrira à son tour les coulisses du Mahrajane. Mais cet hôtel de charme peut-il résister aux bouleversements politiques et religieux qui affectent la région ? Il connaîtra des transformations successives, jusqu’au feu d’artifice final…
Ce soir-là, au Caire, Dina reçoit. Une petite société cosmopolite se presse dans l’ancienne maison de son beau-père, Georges bey Batrakani, qui fut le roi du tarbouche. L’Égypte, en pleine effervescence sociale et religieuse, a beaucoup changé depuis les années 1960. La plupart des membres de la famille Batrakani, dispersés aux quatre coins du monde, n’y sont jamais revenus, préférant vivre avec leurs souvenirs. Ce n’est pas le cas de Charles, le narrateur, qui, après une longue période d’amnésie volontaire, séjourne régulièrement au Caire. « Notre monde a disparu, constate-t-il, et je continue pourtant à guetter les battements de son cœur et ses sourires. »
Mais pourquoi revient-il en Égypte une deuxième fois cette année, « avec un faux passeport » ? Il est confronté à Dina, qui le subjuguait naguère ; à Negm El-Wardani, le séducteur à la hussarde ; à Josselin, l’égyptologue français en chasse de vestiges et de mécènes ; à Yassa, le chauffeur copte, qui a toujours un mot pour adoucir les malheurs de l’existence… Au milieu de la soirée, apparaît une jeune femme, Amira, et un voile se déchire. Le présent aurait-il autant de force que le paradis perdu ?
Un homme venu d’Egypte tisse peu à peu, dans le Paris des années cinquante, un étonnant système de relations croisées. Rendant de services, nouant des connivences, sollicitant ses obligés, il est bientôt au centre d’un réseau d’influence qui pourrait faire de lui un puissant parmi les puissants. Quel dessein poursuit, au juste, cet énigmatique Basile Batrakani qui a hérité de ses ancêtres levantins le sens du commerce et de l’entremise ? N’obéit-il qu’à ce qu’on appelle sur les bords du Nil le mazag, c’est-à-dire la jouissance, le goût personnel, le bon plaisir ?
Cet homme de l’ombre fascine ou désoriente tous ceux qui l’approchent. Peut-être parce qu’il pose, à sa façon, des questions essentielles.
Dans l’Egypte des années 1890, une jeune femme scandalise et fait tourner les têtes. Belle, exigeante, elle porte audacieusement son surnom de Mamelouka. Sa rencontre avec un photographe fantasque, au charme un peu hâbleur, fera d’elle une élève surdouée et une portraitiste exceptionnelle.
Bousculant tout à la fois l’art de la photographie et les convenances, elle réveille une petite société cosmopolite qui s’abandonne à la douceur des étés sur la plage, aux thés dansants à l’Hôtel-Casino San Stefano et aux rivalités cocasses entre Français et Britanniques. Peut-elle rester insensible aux lettres enflammées du capitaine Elliot, engagé au Soudan dans la guerre contre les mahdistes ?
Le destin de la Mamelouka va se jouer au tournant du siècle, alors que le nationalisme germe dans les esprits.
Le Sémaphore d’Alexandrie (1994)
Maxime Touta a tout juste treize ans, en janvier 1863, lorsqu’il assiste, sur la place des consuls d’Alexandrie, à la dégradation publique d’un jeune officier. Cette cérémonie singulière marque le début d’une extraordinaire aventure dans laquelle l’Egypte se trouve précipitée. Prince moderniste subjugué par l’Europe, le khédive Ismaïl entreprend d’ouvrir son pays sur l’Occident et rêve de faire du Caire un nouveau Paris. Il parraine l’un des plus grands chantiers de l’histoire : le percement du canal de Suez.
Des personnages hauts en couleur habitent cette magnifique épopée égyptienne qui est aussi une chronique familiale pleine de tendresse, de sensualité et d’humour.
Le Tarbouche (1992 – prix Méditerranée)
Au printemps 1916, le sultan d’Egypte en grand équipage visite le collège des jésuites du Caire. Un jeune » Syrien » tremblant d’émotion récite devant lui une fable de La Fontaine et en gardera toute sa vie un souvenir ébloui. Michel Batrakani appartient à une famille chrétienne du Levant, débordante de francophilie ; une minorité à cheval entre deux mondes, dans cette extraordinaire Egypte cosmopolite du mandat britannique.
Pourquoi Georges Batrakani, le père de Michel, prend-il le risque de fabriquer des tarbouches ? Cette coiffure masculine, que ses détracteurs comparent à un pot de fleurs, est un emblème national. C’est aussi le symbole d’une société heureuse que les tourmentes du siècle risquent d’engloutir.